⚠️ Méfiez-vous des “bons plans” de rue : faux employeurs et applis fantômes

Il y a quelques semaines, j’ai assisté à une scène qui m’a marqué.
Un inconnu est arrivé au cimetière d’Ixelles, en plein après-midi. Il a abordé un groupe de livreur dans lequel j’étais. Avec un ton familier et même vulgaire, il disait qu’il cherchait des livreurs pour un restaurant et qu’il y avait moyen de “gagner 30 ou 40 euros de l’heure”.

On a tous vu, tout de suite, que c’était un naze et que son plan devait-être nécessairement une arnaque.

Sur le moment, j’ai voulu en savoir plus. J’ai donc effacé le sourire narquois que j’arborais et joué le jeu en me présentant comme candidat. Il me remet une adresse et donc je m’y rends.


🔍 Une cuisine dans un sous-sol

Le “restaurant” en question se trouvait dans une petite rue à Watermael. En arrivant, j’ai vite compris qu’il n’y avait rien d’officiel : pas d’enseigne, pas de carte affichée, rien. Juste une cuisine bricolée dans un sous-sol humide, avec deux frigos et deux vélos alignés dans le couloir.

L’homme que j’ai rencontré là-bas avait le même ton que devant le cimetière : sûr de lui, mais louche à mort.
Dans la courte conversation que nous avons eue, je lui ai dit :

“D’accord, ça me semble correct, vous êtes Monsieur ?”
Il m’a répondu d’un air niais :
“Monsieur Serge.”

En clair, il a refusé de me dire son nom. Ça en dit long …


🕳️ Une histoire qui disparaît aussi vite qu’elle est apparue

Quelques jours plus tard, j’ai cherché à reprendre contact. Plus de numéro, plus de messages, plus de trace.
L’homme avait disparu aussi vite qu’il était apparu.
Aucun restaurant réel derrière, aucun enregistrement à la BCE, rien.

Ce genre d’histoire, je l’ai déjà entendue plus d’une dizaine de fois. Des livreurs qui travaillent “à l’essai”, parfois plusieurs jours, sans jamais être payés. D’autres qui livrent pour un prétendu “partenaire local” ou une “nouvelle appli” qui, au final, n’existe même pas.


⚫ Le travail au noir : à fuir sans réfléchir

Quand quelqu’un t’aborde dans la rue pour te proposer de travailler au noir, ne perds même pas ton temps à y penser : c’est forcément une arnaque.
Déjà qu’avec des entreprises déclarées, le risque de ne pas être payé est bien réel ; alors imagine avec des structures frauduleuses.
Aucune sécurité, aucun contrat, aucun recours. Et si un accident ou un contrôle survient, tu es seul responsable.


🧱 Le cas des petits restos ou des applis amateurs

Parfois, les intentions sont honnêtes : un petit resto veut “se débrouiller tout seul”, ou un jeune codeur essaie de lancer “sa propre appli de livraison”.
Mais dans 99 % des cas, ça ne marchera pas.
Ils n’auront jamais assez de clients pour te garantir du travail.
Deux livraisons le soir, trois le week-end… et c’est fini.

Et il faut bien le dire : toutes les grandes plateformes — Uber Eats, Deliveroo, Just Eat — ont démarré avec des millions d’euros de capitaux et une infrastructure complète : service client, maintenance, algorithmes, assurances, logistique.
Sans tout ça, aucune chance de survivre, surtout aujourd’hui.
Une petite appli bricolée dans un coin, même avec les meilleures intentions du monde, ne fera jamais le poids.

Il y a un autre piège, plus vicieux et plus difficile à repérer : les petites sociétés qui ont l’air sérieuses — inscrites à la BCE, avec un local et un numéro de téléphone — mais qui ne paient jamais rien et déposent le bilan quelques mois plus tard pour renaître sous une autre forme. Je l’ai vu de mes yeux : dossiers montés proprement, factures promises, puis silence et insolvabilité. Ces structures gardent souvent leurs clients (restaurants, traiteurs) et repartent ensuite avec une nouvelle raison sociale. Pour détecter ce type d’arnaque, la vigilance classique ne suffit pas : il faut enquêter à l’ancienne — parler aux livreurs du quartier, appeler les clients présumés, vérifier l’historique d’enregistrement de la société à la BCE (date de création, dirigeants précédents, radiations) et demander des preuves de paiements antérieurs. Si une boîte est « trop neuve » ou si son historique montre déjà des radiations/fusions, prends ça comme un signal d’alarme. Dans ces cas-là, un contrat écrit et des références vérifiables sont indispensables — et encore : mieux vaut s’en tenir éloigné tant que la situation financière de l’employeur n’est pas claire.


🕵️‍♂️ Avant d’accepter, vérifiez toujours

Avant de faire le moindre kilomètre :

  1. Demandez le nom complet et l’adresse de l’entreprise.
  2. Vérifiez son enregistrement à la BCE ou dans un registre officiel.
  3. Cherchez des traces réelles (site web, factures, mentions légales).
  4. Jamais de période d’essai gratuite.
  5. Et surtout : pas de paiement en liquide sans preuve.

🧠 En résumé

Dans ce métier, les pièges ne manquent pas.
Certains profitent du besoin urgent de bosser pour recruter des pigeons, pas des livreurs.
Retiens bien une chose : si c’était vraiment si rentable, ils n’auraient pas besoin de recruter dans la rue ou sur Facebook.

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