À Bruxelles, chaque livreur prend des risques. Certains se faufilent en scooter, d’autres en vélo ou en vélo électrique. Mais une question cruciale est souvent négligée : sont-ils vraiment assurés en cas d’accident ? La réponse est plus compliquée qu’on ne le croit, et beaucoup de livreurs roulent sans le savoir dans une zone grise dangereuse.
1. Scooter et cyclomoteur : la RC, obligatoire mais insuffisante
Tout scooter ou moto utilisé pour la livraison doit obligatoirement être couvert par une Responsabilité Civile (RC) professionnelle. Cette assurance prend en charge les dégâts causés à des tiers… mais pas les blessures du conducteur.
- Prix moyen : environ 115 €/an pour un 50cc, et 200 à 350 €/an pour un 125cc.
- Garanties conseillées : individuelle accident (protection du conducteur), défense & recours (assistance juridique), voire une omnium pour protéger le véhicule.
En clair : rouler uniquement avec une RC, c’est accepter de n’avoir aucune couverture médicale personnelle en cas d’accident.
2. Vélo, vélo électrique et cargo bike : une fausse impression de sécurité
Contrairement aux scooters, le vélo n’impose aucune assurance obligatoire (sauf pour les speed pedelecs, assimilés à des cyclomoteurs). Mais un accident peut coûter très cher.
- Les assureurs proposent des formules vélo avec vol, casse, assistance et même remplacement temporaire. Exemple : environ 84 €/an pour un vélo cargo.
- Les accidents corporels restent souvent à charge du livreur, sauf s’il a souscrit une assurance individuelle accident.
Beaucoup de coursiers pensent que leur assurance familiale les couvre : c’est faux, elle ne prend pas en charge l’activité professionnelle.
3. Uber Eats, Deliveroo & co : une couverture limitée
Les plateformes aiment mettre en avant leur “protection partenaire”. En Belgique, elles couvrent effectivement certaines situations :
- Uber Eats : jusqu’à 7 500 € de frais médicaux, 50 000 € en cas de décès ou invalidité permanente.
- Deliveroo : indemnité maladie (jusqu’à 35 €/jour), accident et RC pro inclus.
Mais ces protections s’appliquent uniquement pendant une livraison active, et elles sont 40 fois moins généreuses que celles d’un salarié classique. De plus, les démarches pour être indemnisé sont souvent longues et complexes.
4. Conclusion : mieux vaut prévenir que guérir
Rouler sans couverture adéquate, c’est prendre un risque colossal pour quelques dizaines d’euros par an économisés.
- En scooter : ne jamais se limiter à la RC obligatoire.
- En vélo : penser à une assurance adaptée et vérifier les exclusions.
- Pour tous : ne pas se reposer uniquement sur la couverture des plateformes.
Un accident peut coûter une carrière entière. Dans un métier aussi précaire que la livraison, l’assurance n’est pas un luxe, mais une nécessité.