Les faux comptes Uber Eats Deliveroo se multiplient depuis plusieurs années. Plus d’un an après les révélations, le phénomène n’a pas disparu…

📱 Un marché noir qui prospère… sur Facebook
En 2024, une enquête du Tijd avait mis en lumière un marché parallèle florissant : la location ou la vente de comptes de livreurs via des groupes Facebook privés rassemblant entre 6 000 et 10 000 membres (Source : Belga News Agency). Ce système de faux comptes Uber Eats Deliveroo fragilise les livreurs officiels…
Aujourd’hui encore, ces annonces continuent d’inonder les fils de discussion. Les transactions sont simples :
- Un livreur “officiel” inscrit avec ses vrais papiers cède l’accès à son compte contre rémunération.
- Le locataire du compte effectue les livraisons pendant un mois.
- Le titulaire initial récupère le paiement et le reverse… en prenant sa commission.
🎯 Qui sont ces livreurs “fantômes” ?
Ce système de faux comptes Uber Eats Deliveroo a des conséquences bien réelles pour les livreurs officiels. Non seulement il crée une concurrence déloyale, mais il fragilise aussi la crédibilité du secteur tout entier. Les plateformes affirment lutter contre ces pratiques, mais les contrôles restent insuffisants face à l’ampleur du phénomène. En pratique, beaucoup de livreurs honnêtes se retrouvent pénalisés par la baisse des revenus et la méfiance des clients. Les autorités, de leur côté, commencent à s’inquiéter de la perte fiscale et du risque social lié à ce business parallèle, qui mine peu à peu la régularité et la transparence du marché de la livraison.
Les motivations varient :
- Migrants sans papiers, pour qui c’est souvent le seul moyen de travailler.
- Mineurs, qui contournent la limite d’âge.
- Chômeurs, qui arrondissent leurs fins de mois sans déclarer les revenus.
- Et surtout, des livreurs cherchant à éviter cotisations et charges en restant dans un régime fiscal avantageux (Source : The Brussels Times).

💰 Le jackpot du statut P2P
En Belgique, beaucoup de livreurs opèrent sous le régime P2P (économie collaborative) :
- Plafond : 7 460 € par an
- Impôt : 10,7 %, prélevé automatiquement
- Pas de cotisations sociales
En multipliant les comptes, certains dépassent largement le plafond tout en restant sous ce taux réduit.
Selon Martin Willems (CSC United Freelancers), jusqu’à la moitié des livreurs utiliseraient une fausse identité (Source : Belga News Agency).
🛡 Les contrôles : toujours des failles
Deliveroo et Uber Eats affirment avoir renforcé les vérifications par reconnaissance faciale. Mais sur le terrain, le contournement reste facile : selfies truqués, comptes partagés, contrôles rares.
Au Royaume-Uni, une grande avancée est intervenue en juin 2025 : les principales plateformes (Deliveroo, Uber Eats, Just Eat) ont signé un accord avec le gouvernement pour mettre en place des vérifications plus strictes (Source : UK Government, The Guardian).
En Belgique ? Rien de tel. Les plateformes se retranchent derrière leurs outils actuels, malgré l’évidence de leur inefficacité.
⚖️ Le flou juridique persiste
- Décembre 2023 : la justice belge décide que tous les livreurs doivent être considérés comme employés (Source : The Brussels Times).
- 2024-2025 : Deliveroo et Uber Eats contestent et saisissent la Cour de cassation.
- Aujourd’hui : aucun jugement définitif, et le régime P2P reste en place.
Si la décision est confirmée, Deliveroo pourrait quitter la Belgique, comme elle l’a déjà fait aux Pays-Bas, en Espagne et en Allemagne après un durcissement des règles.
📌 En résumé
Le marché des faux comptes chez les livreurs n’est pas un vestige du passé : c’est un système actif, structuré et internationalisé.
Tant que la justice n’aura pas tranché et que les contrôles resteront faibles, les sacs de livraison continueront de rouler… avec des identités qui ne correspondent pas toujours à celui qui pédale.
Sources :
Belga News Agency – Identity fraud widespread among meal couriers
The Brussels Times – Deliveroo and Uber Eats drivers use fake accounts to dodge taxes
UK Government – Delivery firms to bolster rider security checks
The Guardian – UK food delivery companies increase checks on illegal workers