Bruxelles, capitale de l’Europe, temple de la paperasse et des règlements à rallonge… et pourtant, il suffit d’un smartphone et de Photoshop pour transformer le chaos en business florissant. Pendant que le gouvernement De Wever s’extasie sur ses “plans de contrôle renforcés” (on en rigole encore), les magouilles sur les comptes Uber Eats atteignent des sommets d’ingéniosité. Tour d’horizon des trois techniques phares d’un marché noir devenu presque… institutionnel.
1. L’école brésilienne : merci Uber pour le bug du siècle !
Récemment, Uber a eu la brillante idée de laisser passer un bug qui permettait de créer un compte livreur avec un simple passeport non-européen, par exemple au hasard, disons, un passeport brésilien… Résultat ? Une ruée vers l’or numérique ! Tout le monde s’y met : certains cowboys, véritables champions du hack administratif, s’engouffre dans la brèche et créent des centaines de comptes. Durant ce temps, Uber, fidèle à lui-même, ne remarque rien.
Puis, un jour, patatras : une “dénonciation anonyme” (probablement un livreur qui a pété les plombs) fait son chemin. Uber panique et exige des preuves de résidence : carte orange ou annexe 38. Facile ! Nos cowboys sortent alors l’arme ultime : Photoshop. Ils prennent un document authentique, changent le nom, inventent un numéro de registre national, et hop, nouvelle identité toute fraîche. Pendant que le gouvernement belge pond des lois à tirelarigot, Photoshop devient l’outil officiel du travailleur « indépendant ».
2. La variante tangéroise : bienvenue à la gare du Nord
D’autres encore, ne s’embarrassent pas avec les pixels. À la gare du Nord, c’est le marché aux documents : 50 € pour une carte d’identité volée et 50 € pour un permis de conduire. Du made in Belgium, garanti sans faute d’orthographe. Avec ce kit complet, ils créent un compte Uber Eats moto. Et comme Uber adore la paperasse numérique mais jamais le contrôle physique, ça passe comme une lettre à la poste. En effet, même si la photo d’identification prise avec le smartphone ne correspond pas du tout avec celle de la carte d’identité, comme ce sont des algorithmes qui gèrent les inscriptions sans intervention humaine, ça passe tout seul. Merci Uber pour cette nouvelle preuve d’incompétence. Pour l’anecdote, on a rencontré un livreur qui nous a fait une démo en live : il avait fait un compte avec une carte d’identité prêtée par un de ses copains. Ce copain est de type africain. Le pirate, lui, à un type méditerranéen et malgré la différence flagrante entre la photo de la carte d’identité et la photo du pirate, c’est passé sans problème. Cinq minutes et le tour est joué !
3. La technique de Kaboul : le détournement de numéro TVA
Là, on entre dans l’art pur. D’autres cowboys, consultent la Banque Carrefour des Entreprises (BCE), trouvent un homonyme, téléchargent l’extrait et l’envoient à Uber. Résultat : ils ouvrent un compte avec un statut TVA flambant neuf. Donc, pas de limite annuelle P2P de 7’700 €. Et qui paie les impôts à la fin ? Pas le fraudeur, non… mais le malheureux dont le numéro a été “emprunté”. Imaginez sa tête quand il reçoit la note du fisc : « Monsieur, vous devez 8 000 € pour des livraisons que vous n’avez jamais faites. » Merci qui ? Merci Uber et son « système sécurisé ».
Un remerciement spécial pour les banques en ligne
Oui, mais pour les paiements me direz-vous ? Il faut bien un compte et pour l’ouvrir, il faut des documents d’identités, non ?
Eh bien non, grâce aux banques en ligne, tout se fait online avec… des documents d’identité achetés à la gare du Nord. Et pendant une période relativement longue, bien avant que la supercherie n’éclate et que le compte ne soit bloqué pour fraude, le cowboy encaisse le cash au distributeur et laisse le compte vide en permanence. À l’aise !
Uber ? Un ange naïf… ou complice ?
On pourrait croire qu’Uber, multinationale truffée d’ingénieurs et bardée d’algorithmes, aurait prévu le coup. Mais non. Tant que ça livre, ça encaisse, et ça se fiche royalement que le livreur s’appelle João, Mohamed ou Jean-Pierre… tant que le burger arrive chaud.
En fait, on pourrait même se demander s’ils ne le font pas exprès pour augmenter les effectifs et diminuer les coûts de production en pressant les rémunérations à la baisse… Technique de base exposée dans les premières pages de tous les manuels d’économie politique, non ?
Quant au gouvernement De Wever, il est trop occupé à pondre des communiqués grandiloquents pour comprendre que le Far West du delivery ne se gère pas avec des PowerPoint.
La position de la rédaction
À la rédaction, on estime que la fraude à petite échelle est normale, qu’elle fait partie de l’ordre des choses. Nous estimons même qu’elle est saine. En effet, ce système a déjà sorti bon nombre de personnes de l’embarras, par exemple, un sans pap, qui, en attente d’une régul, fait ça en douce pour gagner un peu sa vie, ou, un homme poursuivi par des huissiers, qui fait ça discrètement pour vivre un peu normalement. Cependant, quand ça prend de telles proportions et que des filières entières font ça à un niveau industriel en faisant même venir des gens d’autres pays via des groupes Whatsapp ou Telegram, là, on estime que ça met tout le business en péril.
Moralité ?
À Bruxelles, si tu veux bosser pour Uber Eats, deux options :
- soit, tu passes par les démarches légales et tu attends trois semaines pour un rendez-vous à la commune pour ensuite payer plein pot tes lois sociales et tes impôts.
- Soit, tu passes à la gare du Nord avec 100 € en poche ou tu maîtrises Photoshop.
Dans tous les cas, une certitude : dans cette ville, la fraude ne dort jamais… mais nos politiciens, si.